Bienvenue dans l'univers de la salsa
- Terence Borgia
- 20 avr.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 avr.
La salsa. Ce mot évoque la chaleur, la fête, l'énergie... Mais que sait-on vraiment de cette danse ? Trop souvent, les danseurs reçoivent des explications approximatives, voire erronées. Dans cet article, nous allons rétablir quelques vérités et poser les bases d'une meilleure compréhension de la salsa, aussi bien dans son histoire que dans ses styles.

Qu'est-ce que la salsa ?
En espagnol, "salsa" signifie sauce. Dans le langage populaire cubain, il désigne aussi ce qui est sensuel, attirant. Le mot s'applique aussi bien à un genre musical qu'à une danse. Née d'un métissage entre rythmes afro-cubains, jazz américain et influences caribéennes et européennes, la salsa est aujourd'hui l'une des danses sociales les plus populaires au monde et a s'est aujourd’hui imposée aussi bien dans les écoles de danse que dans les salles de sport. Elle séduit par son côté ludique, festif et énergique, offrant une façon dynamique de bouger au rythme d’une musique latino entraînante. La salsa, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est le fruit d’un métissage musical : elle puise dans les rythmes traditionnels d’Amérique latine comme le son, le guaguancó, la rumba, le mambo, le cha-cha-cha, la bomba ou la plena, tout en intégrant des influences du jazz, du soul, du blues nord-américain et même de musiques européennes.
Aux origines : un voyage entre Cuba, New York et Porto Rico
Cuba, berceau incontournable
Il est impossible de parler de salsa sans parler de Cuba. L’île a toujours été un haut lieu de création et de diffusion musicale. Dès les années 1900, le métissage entre cultures africaines et espagnoles donne naissance à des genres comme le Son, la rumba, le mambo ou encore le jazz latin. Ces styles s’exportent rapidement, portés par des musiciens talentueux qui voyagent et s’installent, notamment aux États-Unis.
Dans les années 50, les échanges culturels entre Cuba, New York et les Caraïbes atteignent un sommet. Mais en 1959, la Révolution cubaine bouleverse la donne. Fidel Castro prend le pouvoir et instaure le premier gouvernement communiste du continent américain. Les relations entre Cuba et les États-Unis se détériorent. De nombreux artistes cubains choisissent l’exil, et une grande partie s’installe à New York.
L'impact de la Révolution et la naissance du mot "salsa"
Cette migration massive contribue à alimenter la scène musicale latino new-yorkaise. Dans les années 70, la vie nocturne bat son plein. Une nouvelle forme musicale émerge dans les clubs, les rues et les studios : la salsa. Le terme, encore flou dans ses origines, se popularise grâce à l'influence du mythique label Fania Records, des stations de radio communautaires et de nombreuses émissions télévisées. La salsa, en tant que genre musical identifiable, devient un symbole culturel fort de la diaspora latino-américaine.
Entre les années 70 et 80, la musique, puis la danse associée, traversent les frontières. Elles se diffusent dans tout le continent américain, puis gagnent l’Europe et d’autres régions du monde.
L’arrivée en Europe et la confusion des styles
La salsa fait son apparition en Europe dans les années 1990, notamment à Genève où elle commence à se développer vers le milieu de la décennie. À cette époque, un seul style est enseigné et dansé : on parle simplement de "salsa", sans distinction particulière. Vers les années 2000, un nouveau courant venu des États-Unis commence à se diffuser, plus technique et chorégraphié, gagne du terrain : la salsa dite "portoricaine". Pour distinguer ce style du courant initial, on commence alors à appeler ce premier salsa cubaine. La salsa portoricaine, d’abord marginale, gagne rapidement en popularité, en grande partie grâce à l’essor des congrès internationaux de salsa. C’est notamment le congrès mondial de Porto Rico en 1996 qui marque un tournant majeur, tant par son impact sur la scène internationale que par l’influence du nom "salsa portoricaine" lui-même.
Ce terme est cependant trompeur. En réalité, la "salsa portoricaine" n’est pas un style développé à Porto Rico, mais plutôt un ensemble de courants venus de New York et de Los Angeles, que l’on devrait appeler salsa en ligne ou salsa nord-américaine.
Salsa cubaine ou portoricaine ? Un débat sémantique
La "salsa cubaine" dansée en Europe est en fait le casino, un style cubain populaire chez les jeunes de La Havane. Les générations précédentes, notamment à l’est de Cuba, dansaient une forme proche du mambo.
En revanche, le terme "salsa portoricaine", typiquement utilisé dans les pays francophones, est une appellation générique désignant la salsa en ligne, telle qu’elle a été développée aux États-Unis avant d’être importée en Europe. Cette danse, à la fois codifiée et influencée par d’autres disciplines, se décline principalement en deux grands courants :
Le New York Style, issu de l’évolution du mambo, se caractérise par un style fluide, élégant et musical. Il se danse sur le contretemps d’où l’expression "on2".
Le Los Angeles Style, plus spectaculaire et chorégraphique, intègre des mouvements acrobatiques et dynamiques. Il se danse "on1", c’est-à-dire sur le temps fort, comme la salsa cubaine.
La salsa dite "portoricaine" peut par ailleurs être influencée par une grande variété d’autres danses : hip-hop, classique, danses de salon, rock’n’roll, entre autres. Cette richesse contribue à la diversité stylistique qu’on observe aujourd’hui dans les festivals et écoles.
Fait intéressant : dans les années 70 à Porto Rico, on dansait un style très proche du casino cubain. Ce n’est qu’ensuite que la danse en ligne s’y est implantée, par le biais de Portoricains formés à New York.
Pourquoi ces confusions ?
Les Européens, et les Mauriciens influencé par ces premiers, aiment rattacher la salsa à un pays latin pour lui donner une aura d’authenticité. Mais il est important de comprendre que ce que nous appelons "salsa portoricaine" est en réalité une création nord-américaine. Clarifier ces différences permet aux danseurs de mieux comprendre ce qu’ils apprennent réellement, et d’éviter les discours approximatifs.
Les instruments de la salsa
La richesse musicale de la salsa vient de son héritage afro-cubain et jazz.
Les instruments indispensables à la salsa sont:
Les instruments à percussions : clave, bongo, congas, timbales, maracas, güiro...
Les instruments à cordes : guitare, contrebasse, parfois violon ou clavier.
Les instruments à vents : trompette, saxophone, trombone, flûte...
Comme l'arc en ciel, la salsa change de couleurs au gré des musiciens qui l'interprètent, la multitude de styles lui permet d'évoluer depuis plus de 50 ans sans prendre une ride !
Les principaux styles de salsa : comment les distinguer ?
Il existe plusieurs styles de salsa, parmi lesquels la salsa cubaine (ou Casino) et la salsa en ligne (notamment le style Los Angeles) dominent incontestablement la scène internationale.
Beaucoup de débutants se posent alors la question :
« Mais qu’est-ce qui distingue ces styles de danse ? Comment les reconnaître ? »Voici quelques éléments de réponse — volontairement succincts — pour vous orienter :
1. La salsa en ligne : styles Los Angeles & New York
Cela regroupe principalement deux courants : le style Los Angeles (on1) et le style New York (on2). Ces styles se caractérisent par une structure linéaire : les partenaires dansent sur une ligne imaginaire avant-arrière, avec des déplacements précis, des tours codifiés et des jeux de jambes appelés shines. C’est une danse très technique, riche, offrant des possibilités de variations quasiment infinies conférant à cette danse une grande richesse.
Le style New York (Mambo, salsa on2)
Se danse sur le deuxième temps musical (« on 2 »), souvent appelé à tort "contretemps". Il s’agit en réalité d’un temps faible, pas d’un contretemps.
Style fluide, élégant et musical.
Très riche en jeux de pieds, déplacements sur un axe linéaire, tours multiples.
La danseuse effectue souvent ses tours sur place, avec une grande précision.
Privilégie la connexion musicale et la subtilité.
Le style Los Angeles (salsa on1)
Se danse sur le premier temps (« on 1 »), comme la salsa cubaine.
Style spectaculaire, orienté vers le "show", avec des figures flashy, des tours multiples et parfois des éléments acrobatiques.
Recherche de l’effet visuel : grandes figures, tours multiples, éléments flashy.
Certaines variantes intègrent des éléments du Casino (salsa cubaine) ou de la salsa colombienne.
2. La salsa cubaine (Casino)
Le style cubain, aussi appelé Casino, est une danse populaire et sociale, née dans les rues de Cuba.
Les partenaires évoluent autour l’un de l’autre dans un mouvement circulaire constant.
Le guidage joue avec le poids du corps, l’énergie est en perpétuel transfert.
Très interactive, vivante, spontanée.
Pas de base : le danseur marque le 1 du pied gauche et le 5 du pied droit, la danseuse fait l’inverse.
On peut aussi la danser en Rueda de Casino (ronde de couples, figures appelées par un meneur, changements de partenaires fréquents).
La Rueda de Casino
La Rueda est une forme collective de salsa cubaine où les couples dansent en cercle. Dans le groupe, il y a un meneur, appelé "el cantante" ou "la voz" à cuba, annonçant les figures, qui sont exécutées simultanément par tous les couples, avec des changements de partenaires fréquents. C’est une danse festive, énergique, et très populaire en milieu social.
4. Le style Miami
Développé par la communauté cubaine en Floride, le style Miami est une évolution du Casino traditionnel.
Il conserve une structure circulaire, mais intègre des influences venues des danses américaines.
Plus technique et exigeant que le style cubain de base.
Les noms des passes sont souvent les mêmes, mais l’exécution est plus stylisée et complexe.
5. La salsa colombienne (ou style Caleño)
Originaire de Cali, ce style est explosif, rapide et très rythmé.
Le pas de base est sautillé, proche d’un twist.
Jeux de jambes complexes, rapides et très esthétiques.
Peu ou pas de figures de couple : ici, c’est la musicalité et l’énergie pure qui priment.
Les partenaires dansent souvent très proches, mettant l’accent sur la précision et l’effet visuel des jambes.
Les bienfaits de la salsa
Bienfaits sociaux
La salsa, c’est avant tout une danse de connexion. Elle favorise les rencontres, la communication non verbale, et crée un fort sentiment d’appartenance. C’est aussi un espace où chacun peut s’exprimer avec joie.
Bienfaits physiques
La salsa est un véritable entraînement cardio. Une heure de danse peut brûler jusqu’à 420 calories. Elle sollicite les jambes, les abdos, améliore la posture, la coordination et l’endurance. Deux séances hebdomadaires suffisent à voir des résultats en quelques semaines.!
Pour aller plus loin, consultez notre article : Les bienfaits de la danse
En conclusion
La salsa, ce n’est pas juste une danse à la mode. C’est une culture, une histoire, une discipline. Pour progresser, il est essentiel de comprendre ses racines, ses styles, ses exigences. Trop souvent à Maurice, on confond tout et on apprend mal. Avec cet article, vous avez désormais les bases pour mieux comprendre la salsa, faire des choix éclairés... et danser avec passion !



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